lundi 5 août 2019

A partir d'une fleur d'Althéa

Maison de mon enfance, dessin fait par mon père.
J'ai vécu mes vingt-deux premières années à Ecully*.
Tout d'abord avec mes parents, mon frère et ma soeur, dans une grande maison (mes parents étaient locataires) disposant d'une grande cour, d'un grand jardin où se trouvaient de très beaux et grands arbres** et d'un immense pré où nous avions le droit d'aller nous promener.
Pour tout enfant, c'était le rêve, même si dans la vie de tous les jours, tout n'était pas rose.
Nous disposions de beaucoup de place, du moins extérieure, car la partie de la maison où nous habitions n'était pas très grande.
Nous disposions au rez-de-chaussée d'une cuisine, d'une salle à manger et d'une grande et unique chambre. Peu d'intimité donc.
Ce ne fut que lorsque mon frère et ma soeur devinrent adolescents qu'ils eurent droit à leur chambre, des pièces à louer se trouvaient au deuxième étage de cette grande maison, et c'est là que leurs chambres furent aménagées.
Quant à moi, à l'époque mon lit était dans un coin de la salle-à-manger, un lit placard que l'on repliait pour la journée, je n'ai pas eu le temps d'avoir ma chambre à moi, puisque mon père mourut alors que je n'avais que 13 ans et nous déménageâmes peu de temps après.
Nous partîmes habiter dans un appartement près du centre-ville, au premier étage.
Là, j'eus enfin ma chambre, enfin une moitié de chambre, puisque je devais la partager avec ma soeur.
Grande soeur, petite soeur, pas toujours évident de cohabiter, ni pour l'une, ni pour l'autre.
Mon frère disposait d'une chambre à lui.
Mais la cohabitation ne dura que quelques années puisque ma soeur partit dans une autre ville pour ses études. Et mon frère fit de même dans une autre grande ville.
Quant à moi, mes études, je les fis sur place, à Lyon.
Je restais donc avec ma mère et nous habitâmes plusieurs années toutes les deux.
Nous nous entendions bien, j'ai un très bon souvenir de cette époque.

Je viens doucement au sujet de ce billet.

Ce logement disposait d'un petit coin de verdure agrémenté de quelques arbres et arbustes.
Ma mère qui avait la main verte, le colorait et le parfumait de jolies fleurs.
J'ai passé beaucoup de temps dans ce jardin, à lire au soleil, à me faire bronzer, à rêvasser.
Je vécus huit ans en ce lieu, jusqu'à ce que je quitte Ecully pour aller vivre en Haute-Loire.
Ma mère y vécut encore de nombreuses années, nous venions souvent la voir.
En février 2002, l'année de sa mort, nous dûmes débarrasser son appartement et aussi le coin de jardin.
Je tins à prendre un rejet de figuier, il y en avait un magnifique, et je pris également un rejet d'Althea.
J'avais l'impression ainsi d'emporter avec moi quelque chose de vivant de ma vie d'ici.
Le figuier ne voulut pas prendre, à mon regret, car j'aime beaucoup cet arbre***.
Quant à l'althea, dix sept ans après, il est toujours là.
Les premières années, il fleurissait beaucoup.
Et puis, coïncidence ou pas, après la mort de mon frère, il ne fleurit pas pendant cinq ans.
Mais le printemps suivant, à ma grande joie, une fleur se forma et fleurit.
Et depuis, chaque année, les fleurs sont de plus en plus nombreuses, et j'en suis ravie.

Enfin bref, c'est cette fleur dernièrement ouverte, que j'ai prise en photo, qui m'a donné l'idée d'écrire ce billet (que je ne pensais pas faire aussi long). (sourire)



*Pendant longtemps, lorsque je disais que j'étais éculloise, on me disait alors : mais tu es une bourgeoise ! Ecully est une ville riche et bourgeoise. Je rectifiais alors en disant : mon grand-père (paternel) travaillait en tant que jardinier chez les bourgeois, mais ma famille n'était en aucun cas une famille bourgeoise !
**Cette maison et ces magnifiques arbres ont été rasés peu de temps après notre déménagement pour construire à leur place des immeubles (affreusement laids...).
***Il y a quelques années, j'ai pris un rejet de figuier chez mon fils qui habite Lyon. Lui aussi avait un magnifique figuier, mais qui a crevé il y a deux ans. Heureusement que j'avais anticipé. Ce figuier est encore tout petit, il a du mal à pousser. Je pense qu'il ne se plaisait pas où il se trouvait, trop de grands arbres lui faisaient de l'ombre, et les racines de ces derniers empêchaient peut-être aussi sa croissance. Nous l'avons changé de place l'automne dernier, je pense qu'il va mieux se plaire et qu'il va pouvoir enfin grandir. Il est près de deux petits érables, d'un petit bouleau, et d'un jeune peuplier, bref tout des jeunes arbres ! :-)

24 commentaires:

  1. Grand merci pour ce beau billet. J'apprécie particulièrement d'entendre les gens parler de leurs maisons, présentes ou passées, car les maisons font parties de nous, elles sont le reflet de ce que nous sommes, elles sont chargées de notre histoire. Je te remercie pour ta confiance à raconter ce lieu. Il suffit parfois d'un détail (une plante, un voilage) pour ramener tout un pan de notre vie à notre conscience. Ce fut une belle lecture...j'ai l'impression à présent de mieux te connaître. Très douce journée.

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    1. C'est moi qui te remercie, ma chère Dad, de l'intérêt que tu as porté à ce billet et des mots que tu as déposés, cela me touche. Une très douce et belle soirée à toi.

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  2. Encore une très jolie histoire.

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  3. Comme tu as raison d'écrire tes souvenirs et de nous les faire partager ! De plus, tu as une "belle plume" et tu nous enmènes dans ton univers avec légèreté et beaucoup de sincèrité. As tu hérité des dons artistiques peinture et dessin de ton papa ?

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    1. Pour répondre à ta question, Chinou, j'ai essayé plusieurs formes de peintures : huile, aquarelle, sur soie, j'ai dessiné, mais cela ne m'apportait pas ce que je recherchais, je crois que j'étais trop exigeante avec moi, et du coup, je n'étais pas contente de mon travail. Ou alors je n'arrivais pas à me détacher du modèle, car modèle il me fallait, et cela ne m'apportait pas non plus ce que je désirais. En allant à l'atelier terre depuis la rentrée, j'arrive enfin à me faire plaisir et à ne pas vouloir absolument faire quelque chose de parfait, j'arrive à créer, sans modèle, cela me convient donc mieux. Mais je suis tentée parfois à me remettre à dessiner, à peindre, peut-être m'y remettrai-je un jour...
      Belle soirée à toi, Chinou.

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  4. Un beau billet sur le temps qui passe, sur la vie. Reste l'althéa qui meurt et renaît chaque année…..

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  5. beau billet ! émouvant ! J'ai une verveine citron seul souvenir de mon beau père, à chaque fois que je passe à côté d'elle je pense à lui. cette année ma tante m'a donné une bouture de succulente noire, j'espère qu'elle va prendre, ce serait comme si j'avais une petite partie d'elle à la maison ... ma fille m'offre beaucoup de plante, j'en prend soin comme si c'était elle !

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    1. Je ne connaissais pas la "succulente noire", aussi je suis allée chercher sur internet. C'est une bien jolie plante. Oui, lorsqu'une personne nous donne une plante, c'est une partie d'elle qui reste chez nous. Et j'aime bien cette idée.
      Bonne soirée, Virevolte.

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  6. J'ai deux Altheas dans mon jardin !
    Désormais je penserai à toi en les regardant fleurir !
    ;-)

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  7. Le mot Althéa est déjà magnifique et parfumé.
    Ton récit est très émouvant, surtout le passage concernant la mort de ton frère, et la connexion avec l'arbre...
    Merci Françoise
    Gros bisous belle jardinière d'âme
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. Oui, Célestine, je savais que tu y serais sensible. Merci.
      Gros bisous à toi aussi, ma belle d'âme.

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  8. J'ai pris il y a quelques années dans le jardin du bord de mer de mes grands-parents plusieurs branches d'un magnifique althéa aux fleurs triples afin d'en faire des boutures. Une bouture a pris. J'avais à coeur que ce bel arbuste (qui je le savais, serait arraché par mon oncle qui avait hérité de la maison et du jardin) puisse avoir une deuxième vie chez moi. Hélas l'arbuste ne s'est pas développé et a fini par mourir un quinzaine d'année plus tard.

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    1. Il a tout de même vécu quinze ans chez toi, Suzame.
      Il y a un peu plus de vingt ans, la fille d"une amie, qui travaillait à l'époque à la Bambouseraie d'Anduze, m'avait rapporté un petit ginkgo biloba. J'aurais tant aimé qu'il devienne grand et beau. Mais il a "végété" on peut dire, il n'a jamais bien poussé, et à l'automne, je crois bien que nous devrons le couper, il a, semble-t-il, crevé.
      Bonne soirée, Suzame.

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  9. Une note qui parle de maisons et d'arbres, ça ne peut que me plaire et je l'ai lue avec beaucoup de plaisir.
    Et puis ça me rappelle que j'ai vu chez un voisin un très bel althéa blanc à fleurs doubles et que c'est la saison des boutures, je vais aller lui en demander une branche et essayer de le faire pousser...
    Ecully, c'est à 5 kilomètres de chez moi. ;)

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    1. A 5 kms de chez toi ? Oh oh... Cela me donne une petite idée d'où tu vis... Dardilly ? Tassin ? Craponne ? (sourire)
      Belle soirée à toi, Pastelle.

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    2. Je viens de retrouver ta question en faisant le ménage dans ma boite mail, mais mieux vaut tard que jamais : je suis à Saint Didier au Mont d'Or. ;)

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    3. Ah ben non, c'était à l'opposé de ce que je te proposais ! :-)
      Merci Pastelle, je te localiserai mieux ainsi.

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  10. Dans ce récit, je me retrouve un peu...
    Etant dans une famille nombreuse, nous n'avions pas notre chambre personnelle,
    les garçons (6) dormaient dans une chambre, et nous les filles (4) dormions dans la chambre des parents, aucune intimité.
    De plus, ma fille habite Ecully..
    J'aime beaucoup le dessin de la maison de ton enfance.
    J'ai plusieurs althéas,de couleurs différentes, et c'est très facile de bouturer.
    Merci pour ce beau récit.
    Belle et douce journée - Bises

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    1. Il est vrai qu'avant, il était rare que chaque enfant ait sa chambre comme bien souvent maintenant, mais il est vrai aussi qu'avant il y avait plus d'enfants au sein d'une famille.
      Ta fille habite Ecully ? Oh oh... Décidément... :-)
      Une belle et douce soirée à toi, Estelle. Bises itou.

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  11. Quant à moi je découvre ce billet aujourd'hui :-)

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Merci pour vos petits mots que j'apprécie infiniment.

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