mardi 15 mars 2022

Tante ROSE

Un texte écrit sur une consigne de Kaléïdoplumes

Écrivez un texte inspiré de cette photo et dans lequel vous aurez inséré la phrase suivante :
« Même pour le simple envol d’un papillon, tout le ciel est nécessaire. » (Paul Claudel) 


J'ai mis une autre photo que celle proposée dans la consigne.
Vous comprendrez mieux en lisant. Ces fleurs se trouvent dans la petite cour
où j'allais rendre visite à ma Tante Rose.



Tante ROSE

Il y a quelques années, à la Breure, vivait Tante Rose.
Je l'aimais beaucoup.

Femme de paysan, elle n'a jamais ménagé sa peine, et a élevé ses neuf enfants sans broncher, malgré la fatigue et le travail dur de la ferme.
Tante Rose aimait beaucoup les fleurs et elle en prenait grand soin.
Je me souviens de leur parfum et de leurs couleurs.

J'ouvrais le petit portillon et je la retrouvais, installée sur son fauteuil dans sa cour, au milieu de ses fleurs. Je m'émerveillais à chaque fois de ses rosiers aux multiples teintes, de ses géraniums, de ses belles de nuit, de ses gaillardes.

En vieillissant, Tante Rose avait pratiquement perdu la vue, mais elle percevait encore certaines couleurs et formes.
- Tu sais Françoise, je vois régulièrement passer un papillon blanc, il virevolte un moment et puis il disparaît.

Un jour, que je me trouvais à ses côtés, je l'ai vu en même temps qu'elle le devinait.
Un magnifique papillon blanc qui nous frôla et s'éleva vers la lumière.
Même pour le simple envol d'un papillon, tout le ciel est nécessaire.

Tante Rose est partie en août 2014, il y aura bientôt huit ans.
Malgré son absence, sa cour est toujours fleurie, ses fils ont pris la relève.
Les roses, les géraniums, les gaillardes, ses fleurs tant aimées y sont toutes !
C'est un peu comme si elle était encore là.

Mais d'ailleurs, je suis sûre qu'elle est encore là.
L'autre jour, alors que je discutais dans la cour avec l'un de ses fils, j'ai aperçu un papillon blanc qui voletait autour de nous...

Un dessin fait par ma sœur il y a quelques années.
Notre Tante Rose dans sa cour au milieu de ses fleurs...


samedi 12 mars 2022

MYA, ALBA ou GAYA...

Voici ma nouvelle création en cours. Toujours des rondeurs comme vous le voyez.
Sans doute parce que les rondeurs sont rassurantes (sourire).


Elle est finie d'être modelée, elle est en période de séchage. Je ne sais pas encore si je la laisserai "nature" ou si je la passerai au raku, ce qui voudrait dire qu'elle serait ensuite toute noire. Ou alors les cheveux noirs et le corps brun, ou les cheveux noirs et le corps pâle. Tout cela n'a pas beaucoup d'importance, mais le résultat final serait complètement différent. A voir...

Chaque fois que je crée une pièce, en l'occurrence des personnages, je m'y attache, c'est le cas pour cette dame ronde. Et j'aurais envie de lui donner un prénom. Peut-être MYA, ou ALBA, ou GAYA... Vous pouvez me suggérer des prénoms vous aussi, si vous en avez envie, mais avec des consonnances en A, j'aime bien... (sourire)

MYA, ALBA, GAYA, AMA, AMMA, RHONDA, ANA, ANNA, Mama MYA, GAÏA (proposé par Eveline), ALAÏA, LUCIA, MALIA, TESSA, MALICIA, FRIDA, NOVA, ...

vendredi 11 mars 2022

Le cœurdonnier*

Un texte écrit sur une consigne de Kaléïdoplumes.


Écrivez un texte en vous inspirant de cette photo et en intégrant la phrase suivante : 
« Il ne sait pas combien de temps ça peut marcher, mais il ne risque rien d'essayer. » 



Le cœurdonnier*

Cet homme était un magicien, un guérisseur, il soignait les cœurs. 
Il était d'une grande notoriété maintenant, il suffisait de voir le monde qui attendait devant chez lui. 

En fait, au départ, il était cordonnier. Il en avait vu passer des souliers, de toutes les formes, de toutes les couleurs, de toutes les pointures, des souliers qui avaient voyagé, dur parfois, les semelles étaient trouées, usées, bonnes à jeter mais il arrivait toujours à les réparer. 
Et comme il était toujours affable et avenant -c'était son caractère-, il servait de confident aux propriétaires des souliers. C'est comme cela qu'il s'était rendu compte qu'il y avait beaucoup de cœurs blessés, meurtris, brisés, et qu'il était peut-être plus important de soigner les cœurs plutôt que les chaussures... 
Il décida alors de transformer sa cordonnerie en un lieu chaleureux et accueillant où il pourrait recevoir les cœurs malades. 
Quand il ouvrit sa boutique, il ne savait pas combien de temps ça pouvait marcher, mais il ne risquait rien d'essayer. 

Dès le premier jour, il y eut une foule impressionnante de personnes qui vinrent faire la queue sur le trottoir, attendant impatiemment leur tour. 
Des personnes âgées tout d'abord, qui étaient bien seules, dont les enfants se fichaient pas mal, et qui souffraient de solitude et d'abandon. Ces personnes attendaient la fin de leur vie comme on attend la fin d'un supplice. 
Il y avait des femmes qui subissaient les violences de leurs maris, et qui gardaient tout pour elles, souffrant en silence. Il y avait celles qui subissaient l'outrage du temps et qui ne le supportaient pas. Il y avait celles qui avaient rêvé de faire de grandes études et qui finalement élevaient toute une tribu de gosses. 
Il y avait des hommes qui ne savaient plus où ils en étaient, malmenés par la vie, harcelés par leur employeur, pressés comme des citrons, des hommes qui se sentaient bons à rien, juste à rapporter la paie en fin de mois. Et du coup, ils se mettaient à boire, ils criaient après leurs femmes, après leurs gosses et ils le regrettaient ensuite, mais le mal était fait. Leurs femmes et enfants les détestaient. Et eux, avaient honte et se haïssaient d'être ainsi. 
Il y avait aussi des enfants. Ceux-là venaient le voir car ils ne comprenaient pas ce qu'on attendait d'eux, s'il fallait croire aux histoires des adultes, ces adultes bien infantiles parfois et tellement contradictoires. Pouvaient-ils leur faire confiance ? Pourquoi se disputaient-ils, pourquoi parlaient-ils de divorce, pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Personne ne leur disait rien, et ils étaient livrés à eux-mêmes. 

Tous ces gens venaient se décharger de leurs peines de cœur, de leurs souffrances, venaient déposer leurs malheurs dans le creux de l'oreille du cœurdonnier. Ils venaient se confier, pleurer, ils savaient que cet homme les écouterait, et saurait leur dire les mots dont ils avaient besoin, qu'il saurait panser leurs blessures, soigner leurs doutes et qu'il les aiderait à trouver la solution à leurs problèmes. 

Cet homme savait même donner vie à des cœurs sans vie, des cœurs qui semblaient ne plus battre pour rien, ni pour personne. Et lorsque les gens sortaient de chez lui, ils avaient retrouvé leur envie de vivre, et leurs cœurs, leur envie de battre. Ils avaient retrouvé l'espoir, ils entrevoyaient un avenir meilleur.   

L'écoute et la bienveillance du  cœurdonnier faisait des miracles, tout simplement parce qu'il les aimait tous ces cœurs en détresse, et l'amour, on le sait bien, est un remède à tous les maux.


*Titre emprunté à une chanson de SOPRANO.