lundi 30 janvier 2023

Grâce à l'écriture

Un texte écrit sur une consigne de Kaléïdoplumes

Trois (ou deux) phrases imposées :
- INCIPIT : « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu’à leur terme, elles ont été seulement vécues. » (Annie Ernaux)
- PHRASE À INTÉGRER : « Tout est temporaire dans la vie...les sentiments, les émotions, toutes ces pensées bonnes ou mauvaises... » (Natalina Casarano) 
- EXCIPIT : « Je crois, malgré les occasions ratées, à la multitude des possibles » (Stendhal) 

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Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues. 

C'est par l'écriture que j'ai pu mettre un terme il y a plusieurs années à mes questionnements.
Pour essayer de comprendre pourquoi j'avais ce sentiment que mon père ne s'était pas occupé de moi ou si peu lorsque j'étais gamine, j'ai écrit.
J'ai écrit des poèmes, j'ai écrit des lettres, des textes aussi où je lui parlais de mes manques de petite fille et de ma tristesse aussi.
Je lui ai posé des questions, je l'ai fait parler. 

Ses écrits laissés sur des petits carnets noirs m'ont aidée à comprendre et à mettre des mots sur ce que je prenais pour de l'indifférence, et grâce à eux, j'ai pu prendre connaissance de sa détresse, de son désarroi, de son hypersensibilité, de sa fragilité.
J'ai ainsi pu l'aimer avec ses fêlures qui me le rendaient tellement plus humain.
Ma colère, mon chagrin, se sont mués en un profond amour.

Tout est temporaire dans la vie, les sentiments, les émotions, toutes ces pensées bonnes ou mauvaises.

Toutes ces choses que j'aurais aimé partager avec lui, je les partage maintenant : mon goût pour la musique, la peinture, la photographie, l'art en général, l'amour pour la nature, l'amour des belles choses. 
Ce qu'il m'a légué, à travers sa sensibilité d'homme blessé, m'a ouverte à un monde que j'aurais peut-être ignoré s'il n'avait pas été cet homme.

Je crois, malgré les occasions ratées, à la multitude des possibles.


Mon père et moi

10 commentaires:

  1. Que tu es belle avec ton papa Françoise ! :-)

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  2. Ce que je vais écrire n'engage que moi, ma sensibilité.
    J'aurais préféré un père absent à un père indifférent (si cette indifférence est réelle, consciente)
    J'aurais préféré un père vraiment indifférent à un père vraiment violent.
    Sinon, tu es belle même sans ton papa, Françoise :-)

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    1. Nous avons chacun, chacune, nos histoires et nos sensibilités propres. Merci d'avoir mis en avant la tienne, Rom.
      Et merci pour ta dernière phrase ! :-)

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  3. Il y a souvent un excès de pudeur chez les hommes, surtout cette génération d'avant. On ne manifeste pas ses sentiments, on les exprime à peine ou si rarement. La petite fille ne peut pas comprendre l'attachement s'il ne se manifeste pas concrètement.
    Mais il y a tout ton cheminement de « restauration de la relation » quand bien même l'autre n'est plus là, ou tout du moins sa présence s'exprime autrement, de par l'intérieur.
    Ce que je trouve admirable c'est comment tu as transcendé tout cela dans un aujourd'hui qui pour moi illustre très bien une expression que j'aime à dire et redire « les relations sont éternelles ».
    Merci pour ce beau témoignage que j'ai déjà lu dans l'atelier. Et qui s'approfondit en te relisant ici.
    Cette photo de toi et ton papa est excessivement significative de votre relation…

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    1. Je pense que mon père allait trop mal pour manifester ses sentiments, mais c'est vrai qu'à l'époque en plus, cela ne se faisait pas.
      J'ai mis du temps, Alain, à transcender tout cela mais l'important est que j'y suis arrivée.
      Merci à toi de ton commentaire, ainsi que de celui laissé à l'atelier.
      Cette photo est la seule où mon père a un semblant de geste d'affection à mon égard. D'ailleurs, lorsque j'ai revu cette photo, j'ai été étonnée car je ne m'en souvenais absolument pas...
      Belle fin de journée à toi.

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  4. J'aime beaucoup cette citation d'Annie Ernaux, que je suis en train de relire en ce moment d'ailleurs...J'aime croire aussi à la multitude des possibles mais tu vois je ne crois pas aux occasions ratés, tout ce qu'on vit à une signification que l'on comprendra un jour et donc ce qu'on croit avoir raté n'est qu'une embuche sur ce chemin. Ce que tu écris sur ton père est très beau. Nos pères n'avaient pas appris à être des pères, ils étaient maladroits, parfois absents mais je suis certaine qu'ils nous ont beaucoup aimé. Bisous et une belle journée

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    1. J'ai lu plusieurs livres d'Annie Ernaux, certains mériteraient en effet d'être relus.
      Les occasions ratées seraient là pour nous mettre en garde, un signal. Peut-être...
      Tu as donc eu toi aussi, Manou, un père un peu semblable au mien. Maladroit, oui, sans doute.
      Une belle journée à toi aussi. Bisous.

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  5. joli texte ! Plein de pudeur sur cette relation au père.
    Que c'est difficile ! Je n'ai pas eu ce genre de relation avec mon père, mon père m'impressionnait, me faisait peur, il m'était impossible de lui parler, de le tutoyer, je ne m'en sentais pas capable. Il était inaccessible, à l'époque je croyais qu'il savait tout, qu'il savait tout faire, qu'il avait des solutions à tout. C'était un dieu ! Aujourd'hui je me rends compte qu'il en était bien loin !

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    1. Merci Virevolte.
      On se fait des idées parfois sur les gens, et puis on déchante par la suite. Ou bien au contraire, on découvre en eux des merveilles cachées...
      Bonne fin de journée.

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Merci pour vos petits mots que j'apprécie infiniment.

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