mercredi 8 mars 2023

Vous qui pénétrez dans mon cœur

Un texte écrit sur une consigne de Kaléïdoplumes

Écrivez un texte sous forme épistolaire dont la première phrase sera la suivante : 
« Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre » (Jean Rochefort) 
La phrase peut être conjuguée à un autre temps.

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Mon Cher Papa 

Toi qui as pénétré dans mon cœur, ne fais pas attention au désordre qui règne chez moi.
Si tu n'étais pas parti aussi tôt, j'aurais aimé partager avec toi ce désordre, je pense que tu m'aurais aidée à lui donner un sens, à lui donner forme, à lui donner vie.
Car dans ce désordre, il y a tout plein de toi.

Ces écrits, laissés inachevés, les tiens, les miens, nous aurions pu finir de les écrire ensemble.
Toutes ces photos, ces photos faites par toi, tu m'aurais aidée à les classer et à les ranger, tu m'aurais dit le nom de ces personnes que je ne connais pas, tu m'aurais expliqué leur vie et ce qu'elles représentaient pour toi. Ces photos sont toujours dans des cartons, elles attendent. Et ces personnes resteront toujours des inconnues pour moi.
Ces instruments de musique que j'ai acquis et dont je ne sais pas me servir, ou alors très mal, tu m'aurais appris à en faire sortir une jolie mélodie, toi le musicien et amoureux de la belle musique.

Je pense à toi lorsque je me rends dans notre petite maison bleue, tu aimais tellement ce lieu, il était pour toi un paradis, un lieu de ressourcement, d'apaisement.
Je me souviens lorsque nous allions jusqu'à la rivière, ou faire un tour au bois des Suchères, ou encore que nous montions en haut du village à l'orée du bois du Garet. Nous nous asseyions sur le talus, tu sortais ton carnet de croquis, ton crayon, et tu dessinais le village, le paysage.
Tu te sentais bien, tu oubliais tous les soucis et toutes les contrariétés, notamment dus à ce chef de service. A cette époque, je ne comprenais pas pourquoi tu parlais de lui si durement, je ne savais pas qu'il te faisait autant souffrir par ses remarques dévalorisantes et blessantes.

Quand tu es parti dans l'autre monde, j'étais encore une gamine, nous n'avons pas eu le temps d'avoir une relation d'adulte à adulte, j'aurais aimé connaître cette relation. Nous aurions pu échanger sur des lectures, des films, sur des sujets d'actualité. Tu m'aurais accompagnée dans mes choix, je t'aurais parlé de mes craintes, de mes doutes, tu m'aurais aidée à prendre confiance en moi.

Mais si je t'écris cette lettre ce soir, c'est avant tout pour te remercier.
C'est grâce à toi, toi le poète et le rêveur, si je sais apprécier et m'émerveiller devant le beau. Je ne suis jamais blasée, j'ai toujours cette soif de découvrir et cette facilité à m'extasier.
C'est grâce à toi si j'ai appris la tolérance, la patience et le respect des autres.
Et puis, j'ai hérité de ta sensibilité et j'en suis heureuse. Je sais qu'elle t'a fait souffrir et que certains se sont moqués de toi. A l'époque, un homme se devait d'être fort, d'être le pilier de la famille. Tu avais du mal dans ce rôle-là, toi l'homme fragile. Et comme tu as dû souffrir de cette incompréhension de la part des autres et surtout de celle de tes proches. Mais moi j'aime cet homme sensible que tu as été et je suis fière de lui ressembler.

Bien sûr que notre relation en tant que père/enfant n'a pas toujours été facile, je te trouvais distant et froid, j'avais l'impression de n'avoir que très peu de place dans ta vie. Mais j'ai compris au fil des années, et en lisant certains de tes écrits, que ton âme était en grande souffrance. J'en connais maintenant les raisons et je ne reviendrai pas dessus, mais sache que cela me fait t'aimer encore davantage.

Ta fille qui t'aime

vendredi 3 mars 2023

Consolations

Comme nous sommes maladroits parfois pour exprimer notre soutien à des personnes dans la peine. Et pourtant, juste quelques mots suffisent. La distance, le silence, dans ces moments-là, sont presque offensants, car nous prenons cela pour de l'indifférence. Il vaut mieux quelques mots maladroits, dits ou écrits. Nous réalisons l'importance de ces mots lorsque nous perdons quelqu'un de cher, ou lorsque nous traversons une période difficile, douloureuse. Ces petits mots sont un baume pour le cœur. Nous nous sentons aimés, nous nous sentons compris, et cela nous guide sur le chemin de la guérison, ou de l'acceptation.

Le livre ci-dessous qui m'a inspiré ces quelques lignes, m'a été offert par la maman de Noé. Elle m'a dit que j'étais une femme et une grand-mère résiliente. Avec ce qu'elle vit au quotidien, ce qu'ils vivent au quotidien, elle et mon fils, et Ruben bien sûr, je pense que la résilience, ils la connaissent, puisqu'ils la vivent au quotidien. La résilience, c'est accepter ce qui est, ce qui a été, ce qui ne sera jamais. 

« Consolations. Celles que l'on reçoit et celles que l'on donne » (Christophe André)


Quelques extraits du livre de Christophe André
:

« Les consolations, c'est tout ce que l'on espère, ou que l'on offre, quand le réel ne peut-être réparé. »

« Consoler, c'est savoir et accepter que nos paroles ne soulagent qu'imparfaitement la peine ; mais c'est aussi souhaiter que cette peine ne soit pas vécue dans la solitude. »

« Consoler, c'est mettre de la joie, au moins un tout petit peu de joie, dans le cœur. Ne serait-ce que le temps d'un morceau de musique. La consolation est un acte de présence aimante, même si elle est parfois impuissante. »

« La personne à consoler est toujours une personne dans son chagrin. Et la consolation la remet en lien avec la communauté humaine. Consoler, c'est réunifier, ramener auprès de ses semblables. »

« Consoler, c'est aimer. Et accepter d'être consolé, c'est accepter d'être aimé. »

« La souffrance nous fragilise, la consolation nous humanise. Elle nous rappelle qu'être humain, c'est appartenir à une communauté où tous les uns ont besoin de tous les autres. »