Un texte écrit pour l'atelier d'écritures
Kaléïdoplumes.
La consigne était :
Chaque jour une personne différente s’assoie sur ce banc pour passer un moment.
Vous êtes ce banc. Racontez ces 7 rencontres.
Contraintes:
- chaque rencontre ne doit pas dépasser les 100 mots
- rajoutez si vous le pouvez une photo d'un banc.
J'ai dérogé un peu à la consigne.
Dans mon texte, ce seront les mêmes personnes qui se retrouveront sur ce banc.
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Ce banc n'est pas celui dont je parle, mais il aurait pu l'être... |
1
Aujourd'hui, de nouvelles personnes sont venues s'asseoir sur mon bois.
Une mère et sa fille, nouvellement arrivées dans le quartier.
Ou alors la maman doit résider dans la maison de retraite en face et sa fille est venue passer un moment avec elle.
Je les ai observées, elles ont d'abord fait un tour de parc, le parc est joliment arboré.
Et puis elles ont hésité, et elles se sont dirigées vers moi.
- Il est accueillant ce banc, hein, maman ? On s'assoit un moment ?
Et d'après ce que j'ai compris, elles reviendront souvent, j'ai l'air de leur plaire...
2
Oui, elles sont revenues aujourd'hui, je suis content qu'elles m'aient choisi.
Après leur petit tour dans les allées du parc, elles sont venues directement vers moi.
Elles ont dit que j'étais confortable, bien orienté et si joli aussi !
C'est bon qu'un banc ne rougit pas, sinon...
Elles ont gardé le silence un bon moment, mais j'ai bien senti que c'était un silence en communion, pas un silence pesant.
Elles n'ont pas besoin de parler pour s'entendre ces deux-là.
J'ai senti beaucoup d'amour et de tendresse entre elles.
J'ai ressenti leur bonheur d'être ensemble, de partager ce moment, tout simplement.
3
Aujourd'hui, il faisait très beau, elles sont revenues s'asseoir sur mon bois.
La fille avait apporté un thermos de café et une boîte de petits fours, sa maman était ravie.
J'ai appris que ces petits fours avaient une histoire.
- Tu te rappelles, maman, lorsque tu venais passer quelques jours à la maison, tu apportais toujours une boîte de petits fours ?
- Oh oui, je m'en rappelle. Je me souviens aussi du cérémonial qui allait avec.
Chaque personne choisissait un gâteau, pas un de plus, et faisait passer la boîte à son voisin.
Elles ont ri en évoquant ce souvenir.
4
Une semaine déjà que ces deux femmes se retrouvent sur mon bois, elles m'ont adopté.
Aussi, à force de les écouter, je commence à mieux les connaître.
La dame âgée réside bien dans la maison de retraite en face.
Ce jour, elle a dit à sa fille que tout allait bien mais qu'elle aimerait bien rentrer chez elle.
J'ai ressenti la tristesse et l'embarras de sa fille.
J'ai compris aussi que la dame âgée n'avait pas toute sa tête.
La maison où elle réside est en fait une résidence pour personnes dépendantes et elle doit donc toujours être accompagnée pour sortir.
5
Voilà plusieurs semaines maintenant qu'elles viennent s'asseoir sur moi.
A partir de 15h, je les guette, et quel plaisir lorsque je les vois arriver.
Mais je trouve que la maman est de plus en plus confuse dans ces propos, cela m'embête, je ressens la tristesse et le désarroi de sa fille.
Soit elle lui pose trente-six fois la même question.
Soit elle la prend pour sa sœur, ou sa belle-soeur.
Mais la fille lui répond toujours avec une infinie patience.
Je ne suis qu'un banc, mais cela ne m'empêche pas de ressentir les émotions des personnes venant s'asseoir sur moi.
6
Aujourd'hui, je ne les ai pas vues, elles ne sont pas venues.
Je croyais être leur banc préféré, auraient-elles changé d'avis ?
Je suis triste, je m'étais attachée à elles, je suis un sentimental, moi.
A moins que la maman n'ait été souffrante... ou bien que quelque chose de grave ne soit arrivé...
Bien sûr d'autres personnes sont venues s'installer sur moi, mais c'était bien souvent des gamins bruyants et peu respectueux.
Je préfère la présence des deux dames, plus calmes, plus agréables à porter.
Je suis inquiet de leur absence...
J'espère que demain elles seront au rendez-vous toutes deux.
7
Trois mois ont passé, le froid s'installe, l'hiver arrive.
Et toujours pas de nouvelles de la mère et de sa fille.
Oh ! Je vois arriver deux dames...
Elles viennent s'asseoir sur moi, tout naturellement.
Je reconnais la première, c'est la fille.
Et en les écoutant parler, je comprends qu'elles sont sœurs.
- Tu te rappelles lorsqu'on venait avec maman se promener dans le parc ?
Vous ne veniez pas sur ce banc, mais celui-ci a toujours été mon préféré.
Je ne sais pas pourquoi, il était comme un ami, un confident et il est maintenant tellement chargé en souvenirs...
Texte inspiré d'une histoire réelle...
Ma mère, souffrant d'une démence de type Alzheimer, résidait dans une Mapad.
Je venais régulièrement la voir et passer du temps avec elle sur un banc dans le parc des Bruneaux.